Retour sur la première Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme du 11 mars à Paris. Une cérémonie digne de notre devoir de mémoire, mais des regrets…

Mercredi avait lieu à Paris, sur l’Esplanade du Trocadéro, la première cérémonie de la Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme. Face à la tour Eiffel sur laquelle apparaissaient des mots tels que fraternité et liberté, plus de 500 victimes étaient installées dans des gradins avec, au premier rang, le Président la République, son épouse, le Roi et la Reine d’Espagne - aux côtés desquels se tenaient le Commissaire européen à la Justice, Didier Reynders - ainsi que des représentants du gouvernement français.

Des textes choisis par les associations de victimes d’acte de terrorisme ont été lus par deux comédiens de la Comédie française – un extrait de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ainsi qu’un extrait du discours d’Albert Camus lors de la remise du Prix Nobel et des Chroniques algériennes 1939-1958 – avant que le rappeur Abd al Malik n’interprète Ode à l’amour.

Le Roi d’Espagne, Felipe VI, et le Président de la République, Emmanuel Macron sont respectivement intervenus pour saluer la résilience des victimes et de leurs proches mais également rappeler l’importance de l’unité nationale et européenne dans la lutte antiterroriste.

Lors de son discours, le Roi d’Espagne a souhaité rendre hommage à toutes les victimes du terrorisme. Il a souligné la communauté de valeurs qui unit la France et l’Espagne, notamment dans la lutte contre la barbarie terroriste. Pour lui, la coopération est essentielle pour en finir avec les bandes terroristes. Dans ce combat de résistance collective, les victimes du terrorisme sont une référence éthique pour notre système démocratique et elles symbolisent la défense de la liberté. Le devoir de mémoire étant fondamental, en tant que Président d’honneur de l’institution il a également invité à venir visiter le futur Centre pour la mémoire des victimes du terrorisme dont les objectifs sont de préserver les valeurs éthiques et démocratiques et construire une mémoire collective. Il a ensuite énuméré les droits des victimes du terrorisme dans le système espagnol qu’il considère comme pionnier et comme symbole du soutien unanime de la société et des institutions. Enfin, pour garantir une reconnaissance à la hauteur de ce que mérite les victimes, il a appelé à l’adoption d’un statut international de victime du terrorisme prévoyant un ensemble de droits pour les victimes et d’obligations pour les États. Il a terminé son discours en remerciant les victimes du terrorisme pour leur implication personnelle dans la lutte contre la radicalisation et dans le travail des institutions, considérant que la force de leur témoignage est l’un des plus grands atouts des gouvernements pour faire face au caractère destructeur et inhumain des attentats.

Des collégiens sont ensuite venus déposer sous un olivier des pancartes sur lesquelles étaient inscrit le nom des villes françaises où des attentats ont été commis : Carcassonne, Magnanville, Marseille, etc.

Lors de son discours, le Président Macron a, quant à lui, salué la détermination et la résilience dont font preuve les victimes et leurs proches, tout en rendant hommage aux policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, services de secours, militaires de l’opération Sentinelle, secouristes, soignants, associations, préfets, magistrats antiterroristes et passants qui sont intervenus dès les premiers instants de ces évènements dramatiques. Il a plus particulièrement salué l’action de la délégation interministérielle d’aide aux victimes, permettant aujourd’hui aux victimes d’actes de terrorisme de disposer des mêmes droits que ceux des victimes de guerre, du statut de pupilles de la Nation pour les enfants orphelins et d’une prise en charge spécifique pour les blessés. A cet égard, il a exprimé sa gratitude quant à l’engagement de l’ensemble des associations, des fonctionnaires, élus et représentants. Cet hommage a également été l’opportunité pour le Chef de l’Etat de revenir sur l’importance de la mémoire et sur la nécessité de se souvenir des visages, des sourires, des regards de chaque victime dont il mentionne le nom de certaines : Sandrine, Imad, Myriam, André, Kamal, et bien d’autres. Selon lui, l’organisation de la présente cérémonie, comme celle à venir chaque année dans une ville différente en France, ainsi que le projet de création d’un Mémorial du terrorisme en France – dont la mission est confiée à l’historien Henry Rousso – permettent ainsi de créer un moment et un espace de recueillement pour l’ensemble des victimes et de leurs proches. Emmanuel Macron est, par ailleurs, revenu sur la lutte antiterroriste à l’échelle européenne, en soulignant les actions entreprises par Europol, Eurojust, les équipes communes d’enquête ainsi que le registre judiciaire, tout en mentionnant également les partenariats essentiels en la matière tels que le G5 avec les actions menées au Sahel ou encore les efforts de la coalition internationale dans sa lutte contre l’Etat islamique. Il a conclu son discours en insistant sur le fait que : « Nous ne renoncerons, surtout pas à rire, surtout pas à chanter, surtout pas à penser, surtout pas à aimer. Nous ne renoncerons pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soirs d’été. (…) Nous ne renoncerons à rien car nos enfants, nos amis, nos concitoyens sont tombés pour cela ».

Présents aux côtés des victimes et des associations de victimes, des membres de la FENVAC ont assisté à cette cérémonie solennelle avec beaucoup d’émotions. Si les contours de cet hommage ont permis un temps de recueillement à la hauteur du souvenir que nous devons aux victimes, deux regrets majeurs viennent assombrir le beau tableau garanti par la scénographie.

D’abord, la prise de parole de victimes ou de représentants d’associations de victimes a manqué pour renforcer la profondeur des discours des hautes personnalités présentes. C’était une crainte exprimée par la FENVAC lors des réunions préparatoires qui s’est avérée ; ensuite, seuls les attentats récents commis en France ont été mentionnés, occasionnant un violent sentiment d’oubli pour les victimes d’attentats survenus avant 2012 ou à l’étranger.

Enfin, les victimes attendaient un geste, une salutation du Président de la République qui n’aura malheureusement pas eu lieu, donnant l’impression d’une clôture de cérémonie expéditive, qui s’est terminée par la signature du Livre d’or par le Roi et la Reine d’Espagne. Le couple a ensuite accompagné le Président de la République dans les salons du Musée pour rencontrer les pupilles de la nation, ces enfants et ces jeunes victimes d’un attentat ou dont l’un des parents a été victime.

Le rendez-vous est néanmoins donné en Espagne pour célébrer la prochaine Journée européenne d’hommage aux victimes du terrorisme et dans une autre ville de France pour la prochaine journée de commémoration nationale.

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