Accident dans la Somme : la conductrice du car Flixbus mise en examen

L’accident, qui s’était produit sur l’autoroute A1 le 3 novembre, avait blessé 32 personnes dont une grièvement.

Les images, impressionnantes, montraient un bus en partie éventré, couché sur le bas-côté, des restes de bagages projetés à plusieurs mètres. Le 3 novembre , cet accident d’un autocar FlixBus avait fait 32 blessés dont un grave sur l’autoroute A1 dans la Somme. Ce dernier, un Japonais âgé de 20 ans, a notamment subi des lésions qui « entraîneront très probablement une paralysie définitive », a indiqué ce mardi le procureur de la République d’Amiens, Alexandre de Boschères.

La conductrice de ce bus assurant la liaison Paris-Londres, une femme de 42 ans, a été placée en garde à vue lundi et mise en examen à l’issue pour « blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de plus de trois mois ». Car si les dépistages d’alcoolémie et de stupéfiants se sont avérés négatifs, les experts qui se sont penchés sur le drame ont estimé qu’elle en était responsable.

Elle écoutait de la musique via des oreillettes
Initialement, la conductrice avait assuré qu’en s’engageant sur la bretelle de sortie de l’A1 au niveau d’Estrées-Deniécourt (Somme), l’arrière du bus s’était soudain dérobé. Celui-ci avait alors percuté le rail de protection, se couchant ensuite sur le flanc droit. De fait, d’après les expertises réalisées, l’autocar présentait bien une « défaillance au niveau d’un pneumatique ». Mais elle n’est pas à l’origine de ce dérapage et de l’accident, lequel « aurait été provoqué par une entrée trop rapide dans la bretelle de sortie d’autoroute ».
Circonstance aggravante : la conductrice écoutait de la musique sur son téléphone portable, via des oreillettes. Ce dont ont témoigné plusieurs passagers, et qu’elle n’a pu nier. En revanche, elle a réfuté avoir été à l’origine de la déconnexion du système anticollision du poids lourd, dont tout montre qu’il a pourtant été volontairement désactivé.
En attendant les suites de l’instruction, la chauffeuse a été placée sous contrôle judiciaire avec « interdiction de conduire des véhicules destinés au transport collectif de voyageurs ». Une mesure dont elle a fait appel.

Un autre accident de FlixBus en octobre
Si, au vu de ces premières investigations, elle semble en cause, ce nouvel accident avait provoqué de vives réactions de la part des syndicats de conducteurs. Au Parisien, Abdelhamid Fertas, lui-même chauffeur et élu Force ouvrière (FO) au CSE de la société France Ligne Express, qui exploite des lignes FlixBus en Savoie, expliquait ainsi dans la foulée que « malheureusement, dans de nombreux cas, les conditions de sécurité, pour les voyageurs, comme pour nous les chauffeurs, ne sont pas réunies ».
C’est qu’un mois avant le drame de la Somme, un autre accident, dans le Sud-Ouest cette fois, s’était soldé début octobre par 17 blessés et un mort. Ce FlixBus reliait alors Barcelone à Bordeaux, lorsqu’il s’était couché le long de l’autoroute A61, là encore en milieu de journée. Plus de dix véhicules de secours avaient dû être engagés, ainsi que deux hélicoptères médicalisés.

Les syndicats réclament un renforcement des contrôles
Une triste mais malheureuse loi des séries ? Pas pour les représentants des chauffeurs, lesquels dénonçaient alors « une pression » pour effectuer un maximum de voyages. Selon Abdelhamid Fertas, la réglementation exigeant au moins 45 heures de repos entre deux vacations hebdomadaires ne serait ainsi bien souvent pas respectée.
« On nous demande régulièrement de faire des allers-retours supplémentaires de jour après en avoir effectué de nuit, expliquait-il. Résultat, on est parfois franchement à deux doigts de s’endormir au volant. » « Cette activité de transport de voyageurs par autocar n’est autorisée en France que depuis 2015, rappelait en écho Baptiste Arsale, secrétaire général de l’UNSA Transport. Elle s’exerce dans un secteur très concurrentiel. Deux critères qui peuvent pousser les compagnies à rogner sur les coûts, et donc dans certains cas sur la sécurité. »
Les syndicats réclament ainsi un renforcement des contrôles sur la route. « Depuis trois ans que je suis rentré dans ma boîte, ni moi, ni aucun de mes collègues n’avons été contrôlés par les forces de l’ordre », affirmait Abdelhamid. « Il faut agir comme pour d’autres branches du secteur, estimait pour sa part Baptiste Arsale. Les transporteurs routiers sont bien mieux surveillés. Ce n’est pas normal. »

Publié par N.J. et E.B. pour Le Parisien, le 2 janvier 2020.

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