Attaque au couteau en 2020 dans la Drôme : un procès requis par le parquet antiterroriste

Un procès aura-t-il finalement lieu après l’attaque au couteau perpétré début avril 2020 à Romans-sur-Isère dans la Drôme ? Quatre ans plus tard, le parquet antiterroriste a fait des réquisitions en ce sens contre l’assaillant.

L’attaque avait fait deux morts et cinq blessés à Romans-sur-Isère dans la Drôme, au début du mois d’avril 2020. Quatre ans plus tard, ce 10 janvier 2024, le parquet national antiterroriste vient de requérir un procès pour "assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste" contre l’assaillant, un réfugié soudanais alors âgé de 33 ans. L’attaque avait fait deux morts et cinq blessés.

Selon l’AFP qui a pu consulter des éléments du réquisitoire définitif, les faits, "le mode opératoire, le choix des victimes (...) ainsi que les propos tenus par l’assaillant (...) constituent autant d’éléments de nature à établir le caractère terroriste de son passage à l’acte", relève ainsi le parquet national antiterroriste.

La question du discernement
Après avoir tué deux hommes et blessé cinq autres personnes à Romans-sur-Isère, Abdallah O. avait été rapidement interpellé, placé en garde à vue avant d’être mis en examen et placé en détention à la prison de la Santé à Paris.

Dans les années qui suivent, les expertises psychiatriques se succèdent. La première, en 2020, conclue à "l’altération" du discernement de l’auteur présumé lors de son passage à l’acte. Il est donc "accessible à une sanction pénale", il peut être jugé. L’altération implique uniquement une peine maximum de 30 ans de réclusion criminelle, la perpétuité est écartée.

Mais en 2022, une nouvelle expertise estime que l’homme souffrait en fait d’une "abolition" de son discernement, car il "présentait, depuis des semaines avant les faits, un tableau psychiatrique associant des symptômes délirants de persécutions (hallucinations auditives), une anxiété massive, un sentiment dépressif (tristesse, pessimisme, idées suicidaires, repli à domicile, amaigrissement)". Cela conduit à l’irresponsabilité pénale : un procès ne peut pas se tenir.

Un troisième collège d’experts se prononcera à son tour pour "l’altération" du discernement, précisant que le mis en cause avait agi dans un "contexte de décharge haineuse". Aujourd’hui, le parquet national antiterroriste s’appuie sur les deux expertises concordantes pour demander un procès pour assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Il revient désormais aux juges d’instruction antiterroristes d’ordonner ou non le renvoi d’Abdallah O. devant la cour d’assises spéciale.

Cet article est rédigé par AFP et Sandra Méallier pour France3.

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