Attentat de Conflans : une note des RG, un jeune homme plus qu’inquiétant... Ce que révèle l’enquête en cours

Parue dans La voix du Nord, le 19 octobre 2020.
https://www.lavoixdunord.fr/881041/article/2020-10-19/attentat-de-conflans-une-note-des-rg-un-jeune-homme-plus-qu-inquietant-ce-que

Depuis vendredi, 17h, la France est plongé dans l’effroi. Deux jours plus tard, les enquêteurs cherchent toujours comment le jeune Tchétchène, âgé seulement de 18 ans, en est arrivé là, et s’il a agi seul.

Pour rappel, alors qu’il rentrait chez lui, un professeur d’histoire-géographique, Samuel Paty, a été sauvagement assassiné. Le quadragénaire et père de famille connaissait des moments difficiles, après avoir montré des caricatures de Mahomet, lors d’un cours sur la liberté d’expression, début octobre avec ses élèves de 4e. Il était devenu la cible de violentes critiques d’un père d’élève et d’un militant islamiste connu des services de police, Abdelhakim Sefrioui, qui lui reprochaient, dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, d’avoir montré le 5 octobre les caricatures de Mahomet à ses élèves de 4e, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. Soit (re)précisé au passage, le rectorat dément cette rumeur selon laquelle le professeur était sous la menace d’une sanction pour ce cours. « Cette information est fausse », a martelé Jean-Michel Blanquer interrogé par France Inter, France 2 et Le Monde.

> Une note des renseignements

Avertie, la proviseure du collège avait reçu les parents et fait le tour des classes avec le professeur pour apaiser les tensions. On apprend aujourd’hui que ces tensions avaient cependant fait l’objet d’une note aux renseignements généraux. BFMTV a eu ainsi accès à une note des renseignements datée du 12 octobre, qui revient sur un « incident en lien avec les principes de laïcité » au sein du collège où enseignait Samuel Paty. Cette note retrace les faits jour après jour, avec le début des tensions le 5 octobre, date du cours du professeur sur la liberté de la presse, avec les caricatures de Mahomet. Au lendemain de cette session, de premiers parents d’élèves réagissent puis, dès le 7, l’établissement est destinataire de courriels anonymes de protestation. Mais sur place, « la communication entre la direction et les familles a permis d’apaiser les tensions », conclut la note.

> Des signes de radicalisation récents

En garde à vue, selon les informations du Parisien, le père d’élève et le militant islamiste maintiennent qu’ils ne connaissaient pas le jeune Tchétchène. Abdoullakh Anzorov aurait-il pu être influencé par les vidéos diffusées contre l’enseignant ? « La famille n’a rien vu venir », confie au Parisien l’oncle paternel d’Abdoullakh Anzorov, affirmant que son frère « avait perdu le contrôle » dans l’éducation de son fils. « Il a dû tomber sur des sites sur Internet. Il s’est fait embrigader. Il ne peut pas découper une tête comme ça », a-t-il également confié à BFMTV. Dans le quartier de la Madeleine à Evreux, les voisins d’Abdoullakh Anzorov évoquent un jeune homme « discret », « plongé dans la religion » depuis trois ans, selon des témoignages recueillis par l’AFP. « Je le voyais rarement et il était souvent tout seul », assure un habitant. Selon le procureur Jean-François Ricard, le jeune homme était connu pour des dégradations de biens publics et des violences en réunion, alors qu’il était encore mineur.

> Des signalements sur la plateforme policière Pharos

Toujours selon ses proches, le jeune avait récemment monté des signes de radicalisation et évoquait fréquemment les vidéos relatives au cours de l’enseignant. D’après Le Parisien, ce que confirme également Franceinfo, le futur tueur avait publié des appels à la violence. Cela lui avait valu fin juillet un signalement par un internaute à la plateforme policière Pharos, laquelle l’avait transmis à l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). Abdoullakh Anzorov avait aussi été épinglé pour la publication d’une première photo de décapitation, fin août. Selon Mediapart, plusieurs signalements Pharos (la Plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements) avaient ainsi été effectués ces derniers mois. Toujours selon le site d’investigation, l’examen des quelques tweets, ainsi que des abonnés et amis du compte Twitter permettait de dresser le portrait d’un homme très ancré dans la religion, « et probablement dans le jihad ».

« Les investigations judiciaires démontrent souvent qu’ils se radicalisent très rapidement », a détaillé Laurent Nuñez sur franceinfo pour expliquer comment l’individu avait pu passer sous les radars de l’antiterrorisme. « Ils n’ont aucun contact avec des individus présents en Syrie, en Irak, avec l’Etat islamique… Ils n’ont pas de contacts, donc ils sont quasiment indétectables. » D’ailleurs lorsqu’il est arrivé devant le collège du Bois-d’Aulne, vendredi, muni de deux couteaux et d’une arme de poing de type Airsoft, Abdouallakh Anzorov a eu recours à un procédé inhabituel pour un terroriste, affirme Le Monde. Muni de plusieurs centaines d’euros, il a abordé des collégiens en leur proposant de l’argent en échange d’informations. La somme a ensuite circulé de mains en mains. L’un des élèves, âgé de 15 ans, a pour cette raison été placé en garde à vue, dimanche.

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