ATTENTATS DE BRUXELLES : L’ACCUSATION ÉREINTE ABRINI AU PREMIER JOUR DU RÉQUISITOIRE

Même s’il a renoncé à se faire exploser, il a "participé activement" à la préparation des attentats : l’accusation a demandé mardi de condamner Mohamed Abrini comme coauteur des attaques-suicides qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés en mars 2016 à Bruxelles.

Neuf hommes comparaissent depuis décembre à ce procès, dont Mohamed Abrini et son ami d’enfance Salah Abdeslam. Un dixième, Oussama Atar, est jugé en son absence car présumé mort en Syrie.

Mardi les procureurs fédéraux ont entamé leur réquisitoire en abordant les cas d’Atar et Abrini. Ils ont demandé à la cour d’assises de Bruxelles de condamner ces deux Belgo-marocains comme "coauteurs" des attaques du 22 mars 2016.

Comme lors des attentats du 13 novembre 2015 en France, perpétrés par la même cellule jihadiste, Atar a été "le dirigeant" qui a piloté le groupe depuis la Syrie, tandis qu’Abrini en était "un membre actif de la première heure", ont-ils expliqué, se montrant particulièrement cinglants à l’égard de ce dernier.

"Il est intimement lié à la fabrication du TATP et aux discussions sur les cibles. Sans son assistance le crime n’aurait pas pu être commis", a affirmé le procureur fédéral Bernard Michel à propos d’Abrini.

- "Le châtiment d’Allah" -

Le Bruxellois de 38 ans a été décrit comme un adepte convaincu de l’islam radical, auteur d’écrits dans lesquels il présentait les attentats comme "le châtiment d’Allah" après les bombardements de la coalition internationale sur l’Irak et la Syrie.

Le matin du 22 mars, deux hommes s’étaient fait exploser à l’aéroport international de Bruxelles-Zaventem, et un troisième une heure plus tard, en pleine période de pointe, dans une station de métro du quartier européen de la capitale belge.

Ces attaques, comme celles du 13-Novembre (130 morts), avaient été revendiquées par le groupe Etat islamique (EI).

Dans le dossier belge, Abrini est connu comme "l’homme au chapeau", filmé par la vidéosurveillance de Zaventem poussant un chariot à bagages, avec les deux kamikazes de l’aéroport.

"Lâchement ou par réflexe de survie, il a renoncé à se faire exploser, mais il n’a pas renoncé aux attentats", a poursuivi Bernard Michel. "Quand il monte dans le taxi avec les autres (ce matin-là) il sait que l’opération ne peut avoir comme conséquence que des morts", a ajouté le procureur.

Jugé pour "assassinats dans un contexte terroriste", comme huit de ses coaccusés, Mohamed Abrini encourt la réclusion à perpétuité.

S’il est condamné, sa peine viendrait en complément de celle déjà prononcée à Paris en juin 2022 pour les attentats du 13-Novembre (perpétuité avec 22 ans de sûreté).

- "Clous et pièces de métal" -

A l’avant-veille des attentats ayant ciblé notamment le Bataclan, il avait accompagné le "convoi de la mort" dans la capitale française.

Au total six des dix accusés du procès de Bruxelles étaient déjà concernés par l’audience-fleuve du 13-Novembre achevée à Paris en juin 2022.

Au premier jour du réquisitoire, l’accusation s’est employée à démontrer le caractère prémédité et "soigneusement" préparé des attentats, pour justifier la qualification retenue d’"assassinats terroristes".

La procureure Paule Somers a relevé que les trois kamikazes avaient déclenché leurs explosifs dans des lieux endroits très fréquentés "de portée internationale", en ajoutant au TATP "de multiples clous et pièces de métal".

"Tout était réfléchi, pesé. L’objectif était de faire le maximum de victimes", a-t-elle soutenu.

La magistrate a aussi indiqué qu’elle demanderait à la cour de retenir 36 assassinats, et non 32, estimant que "le lien causal est établi" entre les attentats et le décès pour quatre autres personnes.

Parmi ces personnes figure Shanti De Corte, présente à Zaventem le 22 mars et restée traumatisée par ce dont elle a été témoin. En 2022 cette jeune femme de 23 ans a eu recours à une euthanasie pour souffrance psychique insupportable.

Après les cinq journées de réquisitoire —qui doit aborder le cas de Salah Abdeslam jeudi—, le jury populaire entendra en juin les plaidoiries, des parties civiles puis de la défense.

Le parquet se prononcera dans un deuxième temps sur les peines réclamées. Cette étape est attendue pour septembre, après le verdict sur la culpabilité rendu par le jury en juillet.

Article par l’AFP publié sur :
https://www.laprovence.com/article/france-monde/7151717583076915/lheure-du-requisitoire-au-proces-des-attentats-de-2016-a-bruxelles

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