Crash de « Dropped » : le directeur de la production mis en examen pour « homicides involontaires »

Le Parisien, le 12.11.2020.

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Les magistrats français reprochent au directeur de production d’avoir sous-évalué le budget affecté aux moyens aériens et de ne pas avoir garanti la sécurité des victimes.

Cinq ans après le dramatique accident survenu en Argentine le 9 mars 2015, l’enquête connaît de nouvelles avancées en France. Selon des sources concordantes, Nicolas Roussel, le directeur de production de l’émission de téléréalité Dropped, a été mis en examen le 7 octobre pour « homicides involontaires ». Le crash de deux hélicoptères, lors du tournage de l’émission qui devait être diffusée sur TF1, avait causé la mort de dix personnes, dont la navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat et le boxeur médaillé olympique Alexis Vastine.

Dans l’enquête ouverte en France, les juges d’instruction ont d’abord placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté Nicolas Roussel, ainsi qu’ALP, la société de production spécialiste des jeux télévisés d’aventure qui l’employait. En février 2019, les juges ont mis en examen Peter Högberg, un Suédois chargé de sécurité lors du tournage, pour « homicides involontaires ». Avant de faire peser les mêmes charges sur Nicolas Roussel, le 7 octobre dernier. D’autres mises en examen pourraient tomber puisqu’une enquête pénale est également ouverte en Argentine. Plusieurs procédures d’indemnisation sont par ailleurs en cours en France.

Un budget de sécurité sous-évalué
Selon une source proche du dossier, les magistrats français reprochent au directeur de production une « faute caractérisée » : celle d’avoir sous-évalué le budget affecté aux moyens aériens, en sélectionnant sur des critères principalement financiers plutôt que sur des critères de compétence les pilotes et les hélicoptères impliqués dans le crash. Il n’aurait également pas garanti aux passagers des conditions de sécurité normales pour leur transport.

Cette mise en examen ouvre la voie à une mise en cause éventuelle de la société de production ALP. « Nicolas Roussel, tout comme les équipes d’ALP, demeure profondément bouleversé par l’accident qui a coûté la vie à leurs collègues, aux pilotes et à certains participants à l’émission et reste déterminé à démontrer qu’aucune faute dans l’organisation du tournage ne peut leur être reprochée », ont réagi les avocats de Nicolas Roussel et de la société, Me Mathias Chichportich et Pierre-Olivier Sur.

« Des approximations sur l’organisation du tournage »

« Pour nous tous, c’est enfin la vérité qui arrive. C’est magnifique. C’est un soulagement, vous n’imaginez pas. C’est dingue », a commenté Gisèle Gilles, la présidente de l’« Association des proches des victimes du crash d’hélicoptères de Dropped » et veuve d’Edouard Gilles, cameraman mort dans l’accident. Pour Me Solenn le Tutour, avocate de cette association, « une étape majeure est franchie dans la recherche de la vérité ».

De son côté, Me Sébastien Busy, avocat de la Fenvac, une association de victimes, s’est félicité que « le contour et les circonstances de l’accident se précisent », mais, poursuit-il, « cela révèle des approximations sur l’organisation du tournage, c’est très triste ».

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