L’auteur des attentats islamistes de 1995 à Paris demande sa libération

Détenu depuis vingt-cinq ans, le poseur de bombes Boualem Bensaïd, condamné à la prison à vie pour son rôle majeur dans les attentats du GIA en 1995 (8 morts et 200 blessés), sollicite son élargissement et son expulsion en Algérie. Audience ce jeudi.

Boualem Bensaïd (au centre) lors de l’ouverture de son procès en appel, le 3 novembre 2003 au palais de justice de Paris. AFP/LAURENCE DE VELLOU

C’est une figure historique du terrorisme islamiste. Principal artisan de la campagne d’attentats qui ont ensanglanté la France en 1995 (8 morts et 200 blessés), Boualem Bensaïd demande à recouvrer la liberté. Condamné à deux reprises à la réclusion criminelle à perpétuité, en première instance comme en appel en 2002 puis en 2003, il avait vu sa peine assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Après avoir passé près de 25 ans derrière les barreaux - il a été arrêté le 1er novembre 1995-, cet Algérien de 53 ans sollicite son élargissement.

Selon nos informations, la chambre d’application des peines (CHAP) de la cour d’appel de Paris examinera ce jeudi sa première demande de libération conditionnelle. Une remise en liberté qui se traduirait dans les faits par une expulsion vers son pays d’origine, mais qui apparaît à ce stade peu probable.

L’ancien soldat du Groupe islamique armé (GIA) avait en réalité déposé une première demande de libération en novembre 2017, dès l’achèvement de sa période de sûreté. Mais sa requête n’a jamais été examinée par le juge d’application des peines. Comme il en a la possibilité en cas de défaut de réponse, son nouvel avocat, Me Romain Ruiz, a directement saisi la chambre d’application des peines.

« Un comportement exemplaire en détention »
Aux yeux de la justice, Boualem Bensaïd était le chef de file de la vague terroriste de 1995. En 2003, la cour d’appel a considéré qu’il était l’auteur de l’attentat du RER B à la station Saint-Michel, à Paris, qui a fait 8 morts et 150 blessés, le 25 juillet 1995. Il a par ailleurs été reconnu coupable d’avoir déposé la bombe qui a explosé le 6 octobre 1995 près de la station Maison-Blanche dans le XIIIe arrondissement, faisant 18 blessés. Sa complicité a enfin été reconnue dans l’attentat du RER C à la station Musée d’Orsay le 17 octobre 1995 (30 blessés). Jugé aux côtés de Smaïn Aït Ali Belkacem, l’artificier du groupe, Boualem Bensaïd s’était montré particulièrement provocateur à l’audience, interrompant ses juges et dénigrant celles qu’il appelait les « soi-disant victimes » de ses actes.

Mais selon son avocat, ce pionnier du terrorisme islamiste aurait « tourné la page ». « Il a eu un comportement exemplaire en détention et il aspire désormais à retourner dans son pays pour que sa vie prenne un autre sens. Alors que l’Algérie a voté une loi d’amnistie, il n’y a aucune raison qu’il ne soit pas éligible à une remise en liberté », développe Me Ruiz.

« Un haut degré de dangerosité »
« Il n’a absolument pas abandonné ses convictions et ne manifeste toujours aucune considération pour ses victimes », objecte Me Georges Holleaux, l’avocat de la majorité des parties civiles, et notamment des familles des huit victimes de l’explosion du RER B. « Le récent rapport de la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté évoque une posture toute en dissimulation qui témoigne d’un haut degré de dangerosité et d’un risque de récidive avéré et c’est la raison pour laquelle elle a émis un avis négatif à sa sortie, poursuit Me Holleaux. Quant au service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), il a également émis un avis défavorable compte tenu de son absence d’évolution positive par rapport aux faits. »

A l’audience, l’avocat entend donc s’opposer à la mesure. « Ces rapports sont dépourvus de nuance et, comme d’habitude, les éléments positifs sont passés au prisme de la dissimulation », déplore Me Ruiz.

Un obstacle de forme pourrait également compliquer les plans de Boualem Bensaïd. Le code de procédure pénale impose aux détenus condamnés dans des affaires de terrorisme d’exécuter une mesure de semi-liberté ou de placement extérieur à titre probatoire avant l’octroi d’une libération conditionnelle.

Publié par Timothée Boutry, pour Le Parisien, le 27 mai 2020.

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